Le spectacle - La presse en parle - La parole au public - Fiche du spectacle
Serge Moulin, en solo, avec un nouveau personnage. Cocasse !
Inséparable de son complice Patrice Merle, depuis leurs débuts et jusqu’au très récent « Le vol des bougons », Serge Moulin tente aujourd’hui l’aventure
en solitaire. Pour cette première, il crée le personnage de Marinette, une commère de village, avec fichu et panier roulant obligés.
Cette veuve que la solitude a fini par user, nous la retrouvons au cimetière où elle vient régulièrement depuis 10 ans se recueillir sur la tombe de son défunt époux. Ces dix ans de veuvage, cette décennie passée seule face à Son miroir, l’ont amené à créer son propre univers pour briser le poids du silence. Et heureusement pour le public, elle ne s’en prive pas ! Pendant plus d’une heure, dans le monologue qu’elle entame avec son mari et une hypothétique
voisine venue comme elle faire ses dévotions aux morts.
Marinette suggère, diffame, égratigne, démolit, écorne, gratte, s’emporte, s’irrite, s’amuse. Rien n’échappe à son regard cruel, qui sait parfois s’attendrir lorsqu’elle évoque l’amour de sa jeunesse.
Le texte de « Mauvaise Langue », écrit par Dominique Taillemite, jamais trivial, ne manque ni de verve ni de richesse dans l’écriture. Beaucoup de Répliques, - « Elle est tellement triste qu’on dirait qu’elle fait de la réclame pour le chagrin »- pourraient même figurer en bonne place dans une anthologie. Mais les arômes de ce texte n’auraient pas la même saveur
s’il n’y avait les épices apportés par Serge Moulin : L’accent plus vrai que nature, le corps penché en arrière, l’œil égrillard où se bousculent la malice et l’ironie et surtout la générosité et le sens de la scène et du public. Il incarne le personnage de Marinette avec tellement de justesse et de sincérité qu’elle semble déjà l’habiter.
ANTONIO MAFFRA – Le Progrés – Lyon